Market Flash : Les obligations indexées sur l’inflation

L’inflation peut considérablement éroder le pouvoir d’achat des investisseurs et les obligations indexées sur l’inflation représentent un bouclier contre les effets de la hausse des prix.Principalement émises par des états, ces obligations sont indexées sur l’inflation, de telle sorte que la valeur nominale et les coupons varient en fonction du taux d’inflation. 
L’inflation est un terme économique qui désigne la hausse générale des prix des biens de consommation et des services. Avec l’augmentation des prix, chaque euro épargné permet d’acheter moins de biens et de services et les investisseurs perdent du pouvoir d’achat. Pour tenir compte des effets de l’inflation, les investisseurs doivent prendre en considération le rendement « réel », autrement dit, corrigé de l’inflation. Les investissements qui ciblent des rendements supérieurs au taux d’inflation peuvent protéger, voire augmenter, le pouvoir d’achat futur des investisseurs.

Les obligations indexées sur l’inflation permettent aux investisseurs de se protéger face à l’impact négatif de l’inflation en indexant contractuellement leur valeur nominale et les coupons à un instrument de mesure de l’inflation, comme l’indice harmonisé des prix à la consommation hors tabac en Europe.

Les obligations indexées sur l’inflation sont généralement vendues par les états dans le but de réduire leurs coûts d’emprunt et d’élargir leur population d’investisseurs. Certaines sociétés ont également émis des obligations indexées sur l’inflation pour les mêmes raisons, mais le montant total de ces émissions reste relativement faible.

Dans le cadre d’une OII, toute hausse des prix se traduit directement par une augmentation du principal. Prenons l’exemple fictif d’une obligation française indexée sur l’inflation (OATi) de 1.000 euros à 20 ans offrant un coupon de 2,5% pour un taux d’inflation de 4%. Le principal de cette OII va être corrigé à la hausse sur une base quotidienne afin de refléter le taux d’inflation de 4%. A l’échéance, la valeur du principal sera de 2.191 euros. En outre, si le taux du coupon reste fixe à 2,5%, la valeur en euros de chaque versement d’intérêts va quant à elle augmenter, dans la mesure où le coupon sera payé par rapport à la valeur du principal corrigée de l’inflation. Le premier coupon annuel de 2,5% payé sur un principal ajusté de l’inflation de 1.040 euros est de 26 euros, le dernier paiement d’intérêts s’élèvera à 54,78 euros, soit 2,5% de 2.191 euros.

La couverture contre l’inflation offerte par les OII est précieuse car l’ensemble des investisseurs et des consommateurs sont exposés à la hausse des prix, ils doivent donc veiller à protéger leur portefeuille contre ce phénomène. Dans la mesure où les classes d’actifs traditionnelles telles que les actions et les obligations peuvent être négativement affectées par des périodes d’inflation persistante, les OII, de par leur corrélation explicite à l’inflation, représentent un moyen efficace d’exposer un portefeuille aux rendements réels.

Avec l’évolution de l’inflation et les paiements de coupon, le troisième moteur de la performance totale des OII provient de la fluctuation des prix due aux variations des rendements réels. Si l’obligation est conservée jusqu’à son échéance, la composante correspondant à la variation du prix n’a plus d’effet. Toutefois, avant l’expiration du titre, la valeur de marché de l’obligation navigue au-dessus ou au-dessous de sa valeur nominale.

A l’instar des obligations nominales, dont les prix évoluent dans la direction inverse des taux d’intérêt nominaux, les prix des OII vont évoluer dans la direction inverse des rendements réels . Si une économie subit une période de déflation au cours de la durée de vie d’une OII, le principal corrigé de l’inflation peut chuter sous sa valeur nominale. Par conséquent, les paiements de coupon seront alors basés sur ce montant corrigé de la déflation. Toutefois, la plupart des pays émetteurs d’OII offrent des planchers de déflation à l’échéance : si la déflation entraîne le montant du principal au-dessous de 100, l’investisseur récupérera malgré tout sa valeur nominale à l’échéance. Donc, même si les coupons versés sont déterminés sur la base d’un principal corrigé de l’inflation ou de la déflation, un investisseur reçoit à l’échéance le montant le plus élevé entre le principal ajusté de l’inflation et la valeur nominale initiale.

Pour comparer les OII avec les obligations d’Etat nominales et déterminer leur valeur relative, les investisseurs analysent la différence entre les rendements nominaux et les rendements réels, appelée point mort d’inflation. Cette différence représente les prévisions d’inflation reflétées dans les cours de marché : il s’agit du différentiel de taux auquel les performances attendues des OII et des obligations nominales sont égales. Si le taux d’inflation réelle au cours de la vie de l’obligation est plus élevé que le point mort d’inflation, les investisseurs obtiendront un rendement supérieur en détenant des OII, tout en s’exposant à un risque inflationniste moins élevé.

Si le taux d’inflation réelle est inférieur aux prévisions, l’obligation nominale de même échéance apportera un rendement supérieur, assorti toutefois d’un risque inflationniste plus élevé. Par exemple, si une obligation française (OAT) à 10 ans rapporte 2,5% et une obligation française indexée sur l’inflation européenne (OATi) à 10 ans rapporte 0,25%, alors le point mort d’inflation sera situé à 2,25%. Si un investisseur estime que le taux d’inflation européenne se situera au-dessus de 2,25% sur les 10 prochaines années, alors l’obligation indexée sur l’inflation sera plus intéressante.


Comme pour les autres investissements, le prix des OII peut fluctuer et si les rendements réels augmentent, la valeur de marché d’une OII baissera. Les rendements réels peuvent augmenter en raison d’une hausse de l’inflation sans que les rendements nominaux affichent une hausse similaire. Toutefois, si une OII est détenue jusqu’à son échéance, les fluctuations de la valeur de marché seront sans effet et l’investisseur recevra la valeur nominale. En théorie, cette dernière peut baisser en période de déflation. Dans la pratique, cependant, la plupart des OII sont assorties d’un « plancher de déflation » afin de limiter ce risque.