Market Flash : l'impact de la géopolitique sur l'économie

Le Market Flash est votre rendez-vous mensuel avec nos experts en investissement. Chaque mois, ils partagent leur expertise sur des sujets techniques d’investissement ou sur nos fonds. Ce mois-ci, ils analysent la situation géopolitique et économique actuelle sous différents angles. 
La situation géopolitique actuelle avec le conflit entre l’Ukraine et la Russie maintient une grande volatilité sur les marchés boursiers. Le marché action reste soutenu par des fondamentaux solides mais est fortement dépendant de l’issue du conflit (cessez-le-feu, black-out, ou escalade ?). Le marché obligataire quant à lui souffre de la hausse des taux depuis plusieurs mois, fortement impactée par la hausse de l’inflation depuis le 2ème semestre 2021. Nous analyserons la situation actuelle sous l’angle de certains éléments clefs :
A l’heure d’écrire ces lignes, aucun accord de « paix » ne semble se dégager, ce qui laisse craindre un enlisement, voire une escalade, du conflit armé avec son risque de black-out si les sanctions occidentales s’accumulent (rupture des relations diplomatiques, embargos européen sur l’énergie russe… ?). De plus, une escalade du conflit entre la Russie et l’OTAN (deux puissances nucléaires) pourrait mettre à mal toutes les analyses et mener les marchés boursiers dans des eaux bien plus agitées que celles rencontrées aujourd’hui.
Des voix s’élèvent en Europe pour mettre l’énergie russe sous embargo. Les Etats-Unis ont d’ores et déjà décidé de mettre le gaz et le pétrole russes sous embargo, pour priver la Russie de sa source de revenu principale (et donc ne pas contribuer au financement du conflit actuel). Toutefois, les USA sont bien moins dépendants à l’énergie russe que l’Europe, ce qui explique pourquoi la décision est bien moins évidente en Europe : l’Allemagne s’y oppose, étant fortement dépendante du gaz russe. La Pologne, de son côté, est en faveur de ce boycott, alors que la France semble indécise. Récemment, les discussions sur un embargo du pétrole russe ont de nouveau eu lieu poussant les barils de pétrole vers des sommets (actuellement aux alentours de 120 dollars). Cette augmentation du prix de l’énergie contribue à la hausse de l’inflation (ce qui pousse les taux à la hausse également). L’hiver 2022 s’annonce déjà compliqué pour l’Europe si le conflit n’aboutit pas à une fin heureuse.
La stratégie de zéro cas Covid poursuivie en Chine pousse les autorités à confiner des villes entières dès l'apparition des premiers cas. Cela affecte indéniablement l’économie et les chaînes d’approvisionnement avec un impact sur les chaînes de production mondiales. Ce souci d’offre impacte fortement les prix, ce qui pousse également l’inflation à la hausse.

Nous le voyons, l’inflation est à la hausse depuis la reprise économique au 2ème semestre de 2021. A cela s’ajoute la situation en Ukraine, qui amplifie l’accroissement des prix de l’énergie. Si nous y ajoutons les problèmes de production en Chine et les soucis d’offre associés pour l’économie mondiale, la hausse de l’inflation semble soutenue et difficilement réversible. Cela impacte les courbes de taux. Les banques centrales devraient donc agir avec une hausse des taux directeurs à venir pour tenter d’enrayer la hausse de l’inflation et la garder sous contrôle. La situation pour la banque centrale américaine (FED) semble plus évidente alors que pour la banque centrale européenne (BCE), augmenter ses taux directeurs sans croissance solide et avec un conflit armé sur son territoire pourrait être dangereux. Toutefois, laisser l’inflation hors de contrôle le semble tout autant. La FED devrait agir plus rapidement, avec plusieurs hausses successives (hausses cumulées qui pourraient atteindre 2% aux USA contre maximum 1% en Europe). Enfin, nous ne pouvons pas négliger le risque de spirale infernale avec une inflation sur les denrées alimentaires (matières premières issues de Russie & Ukraine venant à manquer) et le risque d’appauvrissement des populations.

Ci-dessous une évolution du rendement des obligations d’Etat belges depuis 2021 : -0.40% en décembre 2020, 0% en décembre 2021 contre 1% en mars 2022.

Le conflit entre la Russie et l’Ukraine maintient une grande volatilité sur les marchés boursiers. L’inflation constitue un véritable risque pour les économies, ce qui pousse les banques centrales, la BCE notamment, à agir avec prudence. Si nous combinons ces éléments, un scénario de stagflation, voire de récession, ne semble plus irréaliste (inflation importante associée à une croissance faible, ce qui est fortement pénalisant pour une économie). Une inversion des courbes de taux d’intérêt est également envisageable (avec les taux long terme plus faibles que les taux court terme, ce qui est symptomatique des périodes pré-crises). Toutefois, un accord entre l’Ukraine et la Russie pourrait intervenir et balayer certains risques (prix de l’énergie à la baisse, volatilité à la baisse,…) et surtout sauver de millions d’innocents, ce qui doit rester la priorité numéro un absolue. L’adage « Une bonne guerre pour relancer l’économie » n’a jamais été aussi lourd.