Il est clair qu'il y aura un impact lié au COVID-19 impliquant une révision à la baisse des résultats mais de façon modérée (mortalité, annulation d'évènements, assurance voyage et couverture du chiffre d'affaires).
On pourrait s'attendre à ce que le secteur soit moins perturbé par la crise que nous vivons : nous avons la chance de toujours pouvoir travailler de la maison, l'assurance dommages continue de fonctionner avec théoriquement beaucoup moins de dommages dans certaines branches (tous les véhicules roulent moins donc font moins d'accidents). Le risque de mortalité est généralement réassuré et pourrait pénaliser les réassureurs alors que le risque de longévité, notamment supporté par les assureurs hollandais dans le cadre du paiement des pensions, est un facteur favorable.
Les assureurs sont soumis à des règles de solvabilité similaires à travers l'Europe et ce sous la supervision de l'EIOPA (European Insurance and Occupational Pensions Authority). Par contre, les régulateurs nationaux vont donner des directives potentiellement différentes l'un par rapport à l'autre dans des circonstances de crise comme nous les vivons actuellement.
Les régulateurs allemand et suisse sont aujourd'hui d'avis que si la solidité financière et la liquidité de la compagnie le permet, il n'y a pas de raison d'annuler/reporter le dividende ordinaire payé par les sociétés sur base de leurs résultats de l'année antérieure. Une mention particulière concerne les dividendes exceptionnels ou les rachats d'actions qui sont plus liés à l'optimisation de la structure de capital des sociétés et pour lesquels il est recommandé de les mettre « en attente ».
Le régulateur aux Pays-Bas, par contre, s'est exprimé de façon défavorable à tout paiement de dividendes qu'il soit ordinaire ou exceptionnel, ce qui a pénalisé le cours des assureurs hollandais par rapport au reste du secteur comme on peut le voir sur le tableau des performances.
La prime de risque qui s'était réduite à sa portion congrue dans un climat boursier euphorique jusqu'en début d'année mérite d'être « réactivée », vu la hausse de volatilité observée sur le marché, mais elle ne justifie pas la chute supérieure du secteur dont le rendement actuel (dividendes), même s'il est partiellement déplacé dans le temps (2021) ou réduit, atteint des niveaux de l'ordre de 7% soit 1,7 fois le niveau de l'indice global.
Allianz est aujourd'hui classée par les analystes du secteur parmi les sociétés dont la solvabilité est élevée et qui peut démontrer sa capacité de payer un dividende sans impacter sa liquidité/solvabilité. Au pire de la crise boursière, le 18 mars, Allianz valait 119 € par titre, soit presque la moitié des 232 € atteints le 17 février. Avec un dividende prévu en mai de 9,6 €, cela représente un rendement de 8%.
A l'écriture de ces lignes (16/04) le titre vaut 158,8 € soit 33,4% de hausse par rapport à son plus bas.