Les indicateurs de marché 

Les indicateurs macro-économiques sont caractérisés généralement de la façon suivante : ils sont « leading » (1), « coincident » (2) ou « lagging » (3). 

Cette terminologie anglophone renvoie au fait qu’ils sont :

  1. un bon indicateur de l’évolution future de l’économie : « leading » comme les indicateurs des directeurs d’achat (PMI)
  2. un bon indicateur de la situation actuelle de l’économie : « coincident » comme l’indicateur de la production industrielle
  3. un bon indicateur de l’évolution passée : « lagging » comme le chômage qui reflète la bonne évolution qu’a connu l’économie les derniers mois

Ces indicateurs sont très nombreux mais ne sont pas nécessairement bons pour prédire l’évolution des bourses d’actions car d’autres éléments entre en ligne de compte comme l’évaluation du marché boursier, les perspectives bénéficiaires des sociétés, les incitants fiscaux, les alternatives de placement, etc.

Beaucoup de sociétés d’investissement sont toujours à la recherche du Graal qui leur permettrait de faire fortune en prédisant correctement l’évolution des marchés par une combinaison gagnante d’indicateurs correctement pondérés. Clairement, ils garderaient probablement le modèle pour eux s’il marchait…

Gageons que l’intelligence artificielle, grâce à sa capacité d’analyser des données innombrables, est pour l’instant le moteur de ces recherches dont nous ne connaîtrons le résultat que trop tard. En effet, dès qu’un modèle quelconque (technique ou plus fondamental) est utilisé par un grand nombre d’intervenants, il devient obsolète car tout le monde agit dans le même sens au même moment en adaptant son comportement au modèle. Clairement, ceux qui sont devenus riches en bourse y sont arrivés grâce à leur recette propre qui ne pourrait fonctionner à grande échelle.

Nous vous proposons de vous présenter aujourd’hui, à titre d’exemple, un indicateur agrégé développé par Bank of America-Merrill Lynch (BofA-ML) : la « Global Wave » qui existe et est publiée mensuellement depuis 2008 et a été reconstituée avec la même méthodologie jusqu’à fin des années 80, soit un historique particulièrement long avec des points de retournements intéressants à analyser.

Notre équipe Investment suit cet indicateur depuis 12 ans sur base mensuelle. Nous apprécions dans ce modèle la combinaison d’indicateurs purement macro-économiques avec des indicateurs de marché. Vu que c’est un modèle propre à BofA-ML, nous n’en connaissons pas les pondérations, mais la corrélation avec les marchés financiers est intéressante. 

L’indicateur « agrégé » formant la Global Wave est caractérisé par des ronds noirs indiquant un rebond positif à venir et des ronds blancs indiquant une évolution négative attendue. Ces points de retournement ne sont définis qu’après une confirmation d’un retournement pendant 2 mois de la tendance précédente. La Global Wave publiée en août pour juillet faisait état d’un rebond de celle-ci devant être confirmé le mois suivant pour avoir un point noir dans ce cas et donc un rebond positif attendu.

Les composants de la « recette » de la Global Wave pondérés par BofA-ML sont les suivants :

Vous avez respectivement la confiance des entrepreneurs, des consommateurs, l’utilisation des capacités de production, le niveau de chômage, l’indicateur des prix à la production, les spreads de crédit et le ratio de révision des prévisions bénéficiaires des sociétés.

Tous ces indicateurs sont relatifs au niveau mondial et c’est leur retournement et pas leur niveau absolu qui est important pour faire bouger la Global Wave qui elle-même a un niveau d’équilibre de 50. Dans ces 7 composantes, nous en avons 5 macro-économiques avec un mix de « leading » (confiance des entreprises et des consommateurs), « coincident » (utilisation des capacités de production et évolution des prix à la production) et un « lagging » (niveau de chômage) et deux indicateurs de marché, l’un pour le marché des taux avec l’évolution des spreads de crédit et l’autre pour le marché des actions avec la révision des bénéfices. A l’heure actuelle, vous pouvez constater que la chute de la Global Wave, bien que brutale, a été moindre lors de la pandémie de 2020 que lors de la crise de 2008-2009, ce qui semble confirmé par la reprise rapide des marchés financiers.

Nous avons effectué un certain nombre de tests sur le caractère prédicteur de la Global Wave pour anticiper les marchés en appliquant notamment des décalages dans le temps sur ses indications. Malheureusement, elle n’offre pas de fiabilité et de stabilité suffisante pour y voir un élément déterminant des évolutions futures de marché. Aujourd’hui, le concept bien connu de TINA (There Is No Alternative), renvoyant à l’absence d’alternative de placement à taux fixe rentable par rapport aux placements à risque, a modifié le comportement des investisseurs et si les chutes de marché sont de grande ampleur, les rebonds sont beaucoup plus rapides que par le passé.