L’importance de l’alphabétisation financière

C’est un calcul simple : la compétence, notamment en finances, permet d’économiser de l’argent. L’ignorance, en revanche, coûte cher. Il y a certainement un retard considérable à rattraper en matière d’alphabétisation financière, pour les enfants comme pour les adultes.

L’alphabétisation financière permet d’économiser de l’argent. En d’autres termes : selon les démographes Annamaria Lusardi et Olivia Mitchell, chaque individu supporte les frais de son ignorance financière. Les personnes qui ne s’y connaissent pas en matière financière sont plus susceptibles de contracter un prêt, ont tendance à épargner moins et à payer, de manière générale, des frais plus élevés pour les produits financiers. Depuis la crise financière, de nombreux gouvernements ont instauré des stratégies nationales pour améliorer l’éducation économique de leurs citoyens. Depuis 2008, l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) est plus active dans la promotion de la question au niveau international avec l’aide du Réseau international pour l’éducation financière.

Depuis, la question de savoir comment développer l’alphabétisation financière en général a fait l’objet de nombreux débats. Quel est le meilleur moyen de mettre en place des programmes efficaces d’alphabétisation financière ? Idéalement, à quel âge un enfant devrait-il commencer à apprendre les questions financières et comment poursuivre cet apprentissage une fois adulte ?

« L’alphabétisation financière est importante à tous les stades de la vie », souligne Brigitte Miksa, responsable de l’équipe International Pensions chez Allianz. « Face à l’évolution démographique et au resserrement croissant des rênes de la finance publique dans de nombreux pays du monde, il est essentiel que nous prenions nous-mêmes des dispositions pour nos vieux jours. Une société insuffisamment préparée à prendre des décisions financières de grande envergure va au-devant de problèmes sociétaux ».

Être capable de prendre des décisions pour assurer le bien-être financier

Nous avons un retard considérable à rattraper s’agissant des jeunes : ils en savent peu sur la gestion de comptes bancaires, de cartes de crédit, de taux d’intérêt, d’épargne, de risques et de revenus. Une étude PISA réalisée par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) en 2014 a creusé la question pour la première fois et identifié des lacunes considérables en termes de connaissances. En moyenne, 15 pour cent des personnes interrogées n’ont même pas démontré des connaissances de base correctes.

« C’est incroyable de voir à quel point les jeunes sont peu équipés pour la vie moderne. Nous devons agir, cela ne fait aucun doute », dit Miksa. « Ce n’est qu’une fois qu’ils auront compris le fonctionnement des taux d’intérêt, par exemple, ou de produits tels que les fonds d’investissement et les assurances, qu’ils pourront peser les risques et opportunités, être au fait et prendre des décisions assurant leur bien-être financier. » Cependant, comme elle le souligne, un regard au-delà de l’étude PISA montre que l’alphabétisation financière des adultes n’est pas au beau fixe. Selon des enquêtes antérieures de l’OCDE, il existe un fort potentiel d’amélioration dans de nombreux pays à travers le monde. Ces enquêtes témoignent du fait que les femmes, en particulier, ont un certain retard à rattraper.

Des initiatives éducatives précoces comme solution ?

Il existe une certaine controverse parmi les experts quant au fait de savoir si l’alphabétisation financière dès le plus jeune âge peut contribuer à résoudre le problème. Tandis que certains pensent que les gouvernements, les régulateurs et l’industrie financière doivent faire beaucoup pour l’alphabétisation financière des enfants et des jeunes – s’agissant du seul moyen pour ces derniers d’apprendre des schémas de comportement appropriés – d’autres insistent sur le fait que cette approche est vouée à l’échec dès le départ.

Miksa va droit au but : « Nous sommes tous conscients que nous ne prenons pas toujours les bonnes décisions. Mais fondamentalement, il est important de fournir des bons outils aux gens pour prendre des décisions éclairées sur leurs finances. » Cela signifie qu’en fin de compte, une meilleure compréhension des questions économiques profite à tous : les individus, la société et la communauté politique et économique.